Aublet (1723-1778)

Prénom : Jean Baptiste Christian Fusee

Nom standard : Aublet

Espèces décrites : 10

Biographie : France. Il passa 10 ans en Guyane française. C'est en effet environ trois quarts de siècle après les travaux du Père Plumier que la Guyane française fera l'objet d'un début d'exploration botanique, grâce à Aublet, un pharmacien botaniste, qui a laissé un ouvrage de premier ordre, agrémenté de 392 planches de bonne qualité. Il n'est pourtant resté que deux années dans ce territoire et il est plus connu pour ses démêlés à l'île Maurice avec un autre célèbre botaniste, Pierre Poivre (1719-1786). Comme on n'est jamais mieux servi que par soi même, Jean Baptiste Christian Fusée Aublet a pris soin de donner sa biographie détaillée dans la préface de son ouvrage principal ! Né d'un père apothicaire, à Salon de Provence, le 4 novembre 1723, il s'intéresse tout jeune à la botanique et fait de nombreuses fugues, y compris jusqu'à Grenade en Espagne, pour satisfaire sa passion. Ses parents réussissent néanmoins à lui faire faire des études de pharmacie, à Montpellier, puis à Lyon. Dans cette dernière ville, il rencontre Christophe de Jussieu avant de s'engager en 1743 comme infirmier dans l'armée d'Italie. Après 2 ans de campagne, il revient à Paris et entre comme pharmacien à l'hôpital de la Charité, tout en suivant les cours de botanique de Bernard de Jussieu, dont il dit : "Je ne crains pas de l'avouer, M. de Jussieu était ma bibliothèque, et presque la seule ". En 1751, il réussit à se faire engager par la Compagnie des Indes et il part pour l'île Maurice en décembre 1752, sur le "Philippeaux", capitaine Classen, où il arrive en août 1753. Chargé d'établir un jardin et un laboratoire de pharmacie, il a beaucoup de mal à s'intégrer à la colonie européenne, par son manque de souplesse et son mauvais caractère, et il doit quitter le jardin de Pamplemousse pour s'installer dans celui du Réduit. C'est alors que surviennent ses controverses avec le célèbre botaniste lyonnais (et manchot) Pierre Poivre, pour une obscure histoire d'identification de noix de muscade rapportées des Indes par ce dernier. Aublet s'en justifie dans un mémoire ajouté à son ouvrage: "Observations sur la nature de la vanille, la manière de la cultiver et les moyens de la préparer pour la rendre commerçable". Sa réputation locale sera d'autant plus altérée qu'il n'est pas raciste et qu'il s'allie à une esclave, Armelle, qui lui donnera trois enfants, dont seul son fils Charles survivra. Il écrit cette phrase courageuse pour l'époque : "On est assez instruit de la manière hautaine, dure et on serait tenté de dire inhumaine dont les esclaves, hommes et femmes, sont traités dans les colonies que les diverses nations ont en Amérique ". De retour en France en janvier 1762, il se voit aussitôt sollicité pour partir en Guyane, s'embarque le 30 mai sur le Patriote et débarque à Cayenne le 23 juillet avec le jardinier Antoine Richard fils. Son séjour durera deux ans, au cours desquels il fera au moins trois expéditions dans la forêt guyanaise, alors inexplorée. D'une santé précaire après une escale de quelques mois à Saint-Domingue, il arrive à Paris en janvier 1765 pour constater que la plus grande partie de ses envois de matériaux botaniques a été détruite ou perdue. Seul son herbier de Guyane est à peu près intact et il s'emploie à le classer avec Bernard de Jussieu, puis à le publier. Il crée alors un jardin colonial dans son domaine de Canourges, près de Salon de Provence, et il meurt à Paris le 6 mai 1778. Son herbier sera acheté par Joseph Banks et conservé au British Museum de Londres. On y trouve pour la première fois le fameux Hevea brasiliensis, source du caoutchouc. A la fin de sa vie, il a laissé ce message désabusé : "Je souhaite, pour les progrès de la botanique, que ceux qui s'y adonneront à l'avenir n'éprouvent pas autant de difficultés que moi ". On ne connaît pas de portrait de lui, Verbena Aubletia lui a été dédiée par Linné et l'on connaît également les genres Aubletia Schreber 1789 et Aubletella Pierre 1891. On a pu dire que son ouvrage "Histoire des Plantes de la Guiane Françoise" (1775) marquait un progrès capital pour la flore mondiale, puisqu'il énumère 576 genres et 1241 espèces, pour plus de la moitié inconnues à cette époque. Classées selon la méthode de Linné, elles seront ensuite reclassées par Antoine Laurent de Jussieu dans son "Genera Plantarum" de 1789. Comme tous les botanistes de cette époque, Aublet s'intéressait surtout aux espèces arbustives ou utiles et c'est sans doute la raison pour laquelle les Orchidées ne sont représentées que par 6 genres et 34 espèces. A noter que la terminologie des genres reprend les connaissances linnéennes et n'innove pas. En revanche, Aublet décrit 8 espèces nouvelles, avec trois planches représentées. (D'après Pierre Jacquet : une histoire de l'orchidologie française).

Variantes du nom : Aubl.

Liste des espèces décrites (nom actuel entre parenthèses) : Epidendrum bifidum Aublet 1775 (Psychilis bifida), Epidendrum maculatum Aublet 1775 (Oncidium altissimum), Epidendrum minutum Aublet 1755 (Polystachya concreta), Limodorum canaliculatum Aublet 1775 (Tetramicra canaliculata), Limodorum grandiflorum Aublet 1775 (Cleistes grandiflora), Limodorum lanceolatum Aublet 1775 (Sacoila lanceolata), Limodorum pendulum Aublet 1775 (Dichaea pendula), Ophrys guianensis Aublet 1775 (Tolumnia guianensis), Ophrys peruviana Aublet 1775 (Spiranthes torta), Serapias caravata Aublet 1775 (Elleanthus caravata)


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